Les barrages des années 1990 : lutter contre l’enfoncement du lit en aval de la plage de dépôt



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Non il n'est pas naturel pour le torrent de creuser ici son lit !

Les trois photographies ci-contre prises en 1891 et en 1911 en témoignent. Le lit du Manival faisait alors plus de 100 mètres de large et n'était pas du tout profond, comme il l'est actuellement.

 

Alors pourquoi ne pas laisser passer plus de matériaux pour éviter l'affouillement et l'effondrement des berges  en aval de la plage de dépôt ?

C'est en effet une solution qui a été adoptée à Tréminis et à Chichilianne par exemple dans le Trièves. Le barrage de sédimentation a été « ouvert » pour laisser passer plus de matériaux et éviter ainsi l'enfoncement du lit à l'aval. Le problème c'est que les enjeux sont trop importants ici. Le cône de déjection du Manival est trop urbanisé pour prendre le risque de laisser passer plus de matériaux. Les communes de Saint-Ismier, Saint-Nazaire-les-Eymes et Bernin se sont en effet considérablement développées dans la deuxième moitié du XXè siècle en lien avec le développement de l’agglomération grenobloise. Les maisons ont remplacé les vignes et le cône de déjection du torrent a été très vite « colonisé ». Les photographies aériennes ci-contre, prises en 1925 et en 2003 en témoignent !

L'urbanisation massive, qui s’est développée à partir des années 50 et qui a explosé dans les années 70 est remontée très en amont du cône et très proche du torrent en rive droite. La vulnérabilité a aussi fortement augmenté en rive gauche, et dans la zone de divagation historique du Rivasson (branche secondaire du Manival qui menaçait Saint-Nazaire et Bernin).

La solution qui a été retenue pour le Manival a donc été la réalisation de nouveaux ouvrages de correction torrentielle en aval de la plage de dépôt pour stabiliser le fond de son lit et ses berges.

 

Et pourquoi ne pas avoir limité l'urbanisation dans ces secteurs à risque ?

On ne refait pas l'histoire... Mais il faut quand même rappeler que les communes de Saint-Ismier, Saint-Nazaire-les-Eymes et Bernin ont été très tôt dotées de carte de risques pour tenter de limiter l’urbanisation aux abords des torrents ainsi que dans les zones de glissements de terrains, de chutes de blocs, d’inondation par l’Isère, etc. Indispensables compte tenu du fort développement de ces communes et de la pression foncière qu’elles subissaient, ces documents n'ont malgré tout pas suffi à « enrayer » complètement la colonisation du cône. Et puis il faut rappeler que les travaux réalisés fin 19è et début 20è ont contribué à limiter l'importance et la fréquence des crues du Manival, et qu’aucune d’entre elles n’a causé de dégât au cours du 20è siècle. Ceci ne facilite pas la connaissance et l'acceptation du risque que représente le torrent... Les cartes de risques ont été mises à jour et remplacés au fur et à mesure de l’avancée des connaissances sur les phénomènes et de la réglementation sur le sujet. On est donc passé, en fonction de l’évolution de la législation, des cartes R111.3 dans les années 70, aux Plans d’Exposition aux Risques (PER) dans les années 80 puis aux Plans de Prévention des Risques naturels prévisibles (PPRN) à partir de 1995. La prévention repose aujourd'hui principalement sur l'entretien du dispositif de protection actif (seuils de correction torrentielle) et passif (plage de dépôt).

 

Un torrent aux allures de canyon

Aujourd’hui, le risque principal en aval de la Division Domanial RTM est donc lié à l’enfoncement du lit. Dans certaines zones, le Manival prend des allures de canyon, notamment entre la route départementale 1090 et le pont de Lavors : de nombreuses habitations bordent le cours du torrent, particulièrement en rive droite et un risque de déstabilisation et de rupture brutale des berges ne peut être écarté… Une gestion  attentive de cette partie du torrent, mitoyen aux deux communes de Saint-Ismier et Saint-Nazaire-les-Eymes à partir de la RD 1090, était donc indispensable. C’est le SITSE (Syndicat Intercommunal des Torrents du Saint-Eynard) qui en est chargé depuis 1989.

Le syndicat gère l’aménagement des torrents, en particulier le maintien ou la remise en état des chenaux, afin d’obtenir un écoulement le plus inoffensif possible des crues. Compte tenu de sa très bonne connaissance du terrain, il peut aussi être amené à donner son avis, à la demande des communes instructrices, sur les demandes de certificats d’urbanisme et de permis de construire. Lors de sa création, compte tenu de la méconnaissance par les riverains de leurs obligations définies par le Code rural, le SITSE a tenu à développer un volet « information -sensibilisation » parmi ses objectifs : la « commission de riverains » a permis d’expliquer aux propriétaires l’action du syndicat. De même que l’Etat pour ses Divisions domaniales RTM, le SITSE a mis en place un suivi régulier de l’état des torrents relevant de sa gestion : celui-ci est réalisé, sur convention, par le « Pole travaux en montagne » de l’Agence ONF Travaux. A partir de ce bilan, il dresse annuellement un projet de programmation, en concertation avec les communes adhérentes et le service RTM ; son adoption avec le vote du budget et la répartition des dépenses entre communes permet ensuite le lancement des travaux.

   
 

 
 


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