Pourquoi une responsabilité humaine face aux catastrophes naturelles ?


« Tout ce qui se dresse encore a l’air d’une protestation. Tout ce qui est visible semble vomi. Tout ce qui est enterré semble prêt à jaillir comme une lave irritée. Ce qui s’est passé là a des allures de châtiment. Qu’avaient donc fait les villageois d’Anatolie ? » (1)

Si autrefois les catastrophes étaient vécues comme un châtiment divin, surnaturel, conséquences des vices de l’humanité ou encore de son impureté, il n’est plus question aujourd’hui de laisser les Dieux comme seuls responsables.
S’il peut subsister encore, de manière profondément humaine, ce sentiment enfantin de culpabilité devant un revers qui nous dépasse par sa puissance et sa survenance même, la raison devient plus forte et pousse à l’explication physique de l’événement.
La catastrophe n’est plus expiatrice, elle est désormais anormale. Les responsabilités et culpabilités ne se résolvent plus dans la transcendance des prières et des confessions religieuses ; elles se dessinent désormais devant les tribunaux.

Le coupable est alors la même personne que le responsable de la catastrophe. Cette unité se comprend aisément dès lors que l’on admet que la catastrophe n’est pas l’événement naturel lui-même, mais ses conséquences sur la société humaine.
Ainsi, une avalanche qui se produit en haute montagne, dans un lieu non aménagé, n’est pas un drame. Le drame survient lorsque l’avalanche s’abat sur des chalets, pistes de ski et skieurs ou randonneurs.
Il est alors difficile de ne pas tourner son regard vers celui qui exploite la station, vers celui qui en a autorisé l’urbanisation, ou encore vers celui qui n’avait pas prévu le prévisible lorsqu’il s’agit de trouver un coupable.

Les retombées d’une catastrophe peuvent être désastreuses, sur le plan sanitaire, économique, structurel et humain. Des conséquences aussi graves ne laissent pas l’administré de marbre, qui veut non seulement qu’elles soient réparées, mais qui désire en plus un coupable contre qui se retourner. Les victimes ne manquent alors pas d’outils pour arriver à leurs fins.

 

(1) Extrait d’un article de Jean Lacouture à propos du tremblement de terre en Turquie du 29 mars 1970, paru dans Le Figaro du 30 mars 1970, cité par Marc-Alain Descamps dans « Catastrophe et Responsabilité », Revue française de sociologie, 1972.

   
 

 
 


 

 

 

 
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