1859 : les conditions météo à l'origine de la crue


Les précipitations qui se sont abattues sur le bassin versant de l’Isère en octobre 1859 n’étaient pas exceptionnelles. Le caractère remarquable de la crue historique s’explique en réalité par une conjonction de facteurs défavorables et notamment par l’accumulation des eaux de pluies et de la fonte des neiges.

 

Contexte météorologique à l’origine de la crue

Après un été et un début d’automne plus chauds que la normale, le mois d’octobre a été marqué par deux courtes périodes de pluie : du 6 au 10, puis du 12 au 16. La limite pluie-neige (isotherme 0°C) étaient alors comprise entre 3000 et 3500 mètres d'altitude.

Des fronts froids accompagnés de pluie se sont ensuite succédés sur le Dauphiné et la Savoie et ont progressivement fait baisser cette limite jusqu'à 2000 mètres. On a alors observé :

  • de faibles précipitations les 19 et 20 octobre
  • des pluies intenses et continues du 21 au 23 octobre, et une chute de l’isotherme 0°C vers 1000-1200 mètres : une épaisse couche de neige s’est alors formée en montagne

Le 26 octobre, les températures augmentent : l’isotherme 0°C remonte jusqu’à 2000 mètres et le stock de neige commence à fondre en dessous de cette altitude. Les précipitations reprennent à partir du 28 octobre. Les jours suivants, elle s’intensifient et l’air continue de se réchauffer.

Cette tendance se poursuit jusqu ‘au 31 octobre. Le 1er novembre, le vent chaud fait remonter la limite pluie-neige entre 3000 et 3500 mètres, et il pleut en quantité : la neige fond sur plus de 80 % de la surface du bassin versant.

Les eaux de fonte et de pluie atteignent un volume important, qui vient gonfler les rivières et torrents d’altitude dès le 30 octobre. La crue de l’Isère, de type pluvio-nivale, a lieu les 1er et 2 octobre 1859.

 

La reconstitution des événements

Les données quantitatives pour reconstituer les conditions météorologiques à l’origine de la crue sont rares, puisque les réseaux météorologiques n’ont été organisés qu’à partir de 1864. Les quelques données disponibles, qui ont permis de décrire les circonstances de la crue, sont issues d’observations faites par des institutions isolées, des sociétés savantes, des amateurs éclairés.

Des recherches devant prendre fin au terme du mois d’octobre 2009 visent à reconstituer les conditions qui ont conduit à cette situation. On distingue les conditions synoptiques d’une part, et les conditions hydro-météorologiques d’autre part.

Les premières concernent les données de vent, de température et de pression. Ces données, mesurées dans le monde entier, existent, et sont en cours de recensement par un programme européen lancé en 2002 sur le rassemblement des mesures anciennes. Une vingtaine de stations (remontant à 1840 environ) ont été recensées en Europe, dont quatre en France. Grâce au programme de recherche lancé à l’occasion du 150è anniversaire de la crue de 1859, on est passé à plus de treize pour la France.

Les autres données concernent la pluviométrie et l’enneigement, et sont plus compliquées à obtenir. En effet, seules quelques données pluviométriques sont disponibles pour des grandes villes à la fin des années 1850 (Genève, Avignon, Turin, Lyon…), et il faut se faire une idée de ce qui a pu tomber dans le secteur concerné à partir de ces données. Pour les données d’enneigement, le problème est encore plus délicat, car on ne dispose malheureusement que d’informations qualitatives. 

Les premières estimations pour les quantités totales de précipitations tombées du 20 octobre au 1 novembre 1859 font état de 120 mm en vallée, et de 200 mm en montagne (soit des quantités journalières moyennes relativement faibles). Il faut donc essayer de comprendre s’il y a eu un phénomène pluvieux exceptionnel les 31 octobre et 1er novembre, et quels ont été précisément les apports de la fonte des neiges.

   
 

 
 


 

 

 

 Chronologie des événements météorologiques à l'origine de la crue du 2 novembre 1859
Chronologie des événements météorologiques à l'origine de la crue du 2 novembre 1859



 

VIDEOS


Le scénario météorologique à l'origine de la crue de l'Isère du 2 novembre 1859 (Interview de Charles Obled, professeur à l'Institut National Polytechnique de Grenoble)




La répartition des précipitations sur le bassin versant de l'Isère fin octobre 1859 : l'apport des données qualitatives (Interview de Charles Obled, professeur à l'Institut National Polytechnique de Grenoble)




Le projet de reconstitution du scénario hydro-météorologique qui a conduit à la crue de l'Isère du 2 novembre 1859 - Données et méthodes (Interview de Charles Obled, professeur à l'Institut National Polytechnique de Grenoble)



 
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