Retour d’expérience et mémoire


La démarche de retour d’expérience (REX) consiste à rechercher les causes, à tenter de reconstituer le déroulement d’un événement catastrophique pour en tirer les enseignements essentiels en terme de prévention et de gestion de crise. Elle doit permettre de capitaliser l’ensemble des connaissances liées à un événement et de les transmettre au plus grand nombre par la suite. Elle permet donc de garder une mémoire fine de l’événement.

Le retour d’expérience est presque « naturel » à toute personne ou organisation qui a vécu un événement dramatique. Sans que cela soit forcément très formalisé, une commune qui a subi un événement en tirera forcément quelques enseignements. De même pour les services de l’Etat dans les départements qui gèrent souvent des crises « limitées » qui leur servent à approfondir leur connaissance sur un phénomène et à ajuster certains outils de prévention.

Les divers processus de retour d’expérience peuvent être plus formalisés quand ils sont encadrés par l’Etat, à savoir le ministère en charge de la sécurité civile (DSC) et le ministère chargé de l’écologie (DGPR). C’est souvent le cas pour les événements qui touchent un vaste territoire ou qui font de nombreuses victimes.

Le processus de retour d’expérience permet de recueillir les informations des personnes qui étaient sur le terrain au moment de l’événement et donc de distinguer les « bonnes » et les « mauvaises » pratiques au moment de la crise. Dans le cadre du Décret du 13 septembre 2005 relatif au Plan ORSEC, « Le ministre chargé de la sécurité civile assure la synthèse et la diffusion au niveau national des retours d'expérience réalisés sous l'autorité du représentant de l'Etat après tout recours au dispositif ORSEC ». A cet effet, un animateur/référent, qui est le chef d’orchestre de l’organisation du REX, est désigné à chacun des niveaux organisationnels : départemental, zonal et national. Au niveau départemental, le chef du SIDPC est le candidat le plus adapté pour ce rôle. Cependant, il peut transférer ce rôle à un autre préfet d’un département avoisinant, ou à un référent zonal, s’il n’est pas capable de l’assumer. Pareillement, au niveau zonal, le référent zonal peut demander de transférer son rôle d’animateur retour d’expérience, à un référent d’une zone de proximité. Au niveau national, c’est le Bureau de la Coordination Interministérielle au sein de la DSC qui a la mission de coordonner le REX pour un événement d’envergure nationale.

Il convient de noter que l’organisation des préfectures en terme de gestion de crise s’est affinée à partir des retours d’expérience et non par voie réglementaire. Ceci est également vrai pour l’élaboration des plans (ex. PCS au niveau communal et le plan canicule au niveau national) qui sont basés sur les REX des exercices ainsi que des événements réels. Même le dispositif national du plan ORSEC est adapté pour être révisé et amélioré en continue par l’intermédiaire des retours d’expérience.

Pour le ministère chargé de l’écologie, le retour d’expérience a pour objectifs de :

  • Compléter la connaissance de l’aléa ;
  • Mieux appréhender les conséquences d’un phénomène ;
  • Suivre les dommages occasionnés (humains et économiques) ;
  • Estimer l’efficacité des mesures de prévention prises antérieurement et en tirer les conséquences ;
  • Exprimer des propositions visant à améliorer les dispositions en vigueur ;
  • Sauvegarder la mémoire de l’événement en question.

L’Inspection Générale de l’Environnement (IGE) a produit plusieurs rapports de 2000 à 2008. Cette instance a été ensuite regroupée avec le Conseil Général des Ponts et Chaussées pour former le Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable (CGEDD). Au sein du ministère chargé de l’écologie, le Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable joue un rôle dans la gouvernance en informant et conseillant les pouvoir publiques. De plus, il audite et inspecte les services ou organismes placés sous l’autorité du ministère de l’écologie. Leurs évaluations se concrétisent par la production de rapports d’études, d’avis et de rapports d’inspection, notamment après des catastrophes.

En matière de risque d’inondation, le SCHAPI joue un rôle coordonnateur du retour d’expérience des épisodes de crue significatifs. Sa position centrale lui permet de recenser toutes les données et informations relatives à un événement. Le REX tiré de ces informations peut traiter de divers aspects pertinents de la gestion de crues/inondations (ex. phénomène pluvieux générateur des crues, fonctionnement des opérateurs, efficacité du message d’alerte ou de vigilance…). Les documents de REX sont ensuite mis à la disposition des SPC. Par ailleurs, les données quantitatives ainsi que les calculs hydrologiques sont mis en ligne, accessibles à tous, au sein d’une base de données sous le nom de « banque HYDRO ».

Le ministère de l’écologie a publié un rapport en 2007 (disponible sur le site du ministère) sur l’utilisation des images aéroportée et spatiales pour la caractérisation d'un épisode inondation. Ce travail explore la possibilité d’exploitation des images aérienne pour le retour d’expérience notamment dans la vigilance hydrologique.

Même si les REX sont impulsés par l’Etat, ils exigent des retours de tous les acteurs impliqués dans la gestion des risques. Il y a par exemple, les services RTM qui fournissent une expertise pour le REX des événements en montagne. Certaines  associations jouent aussi un rôle important dans le retour d’expérience. Il existe notamment l’Association Française du Génie Parasismique (AFPS) pour le REX sur le risque de séisme et l’Association Française pour la Prévention des Catastrophes Naturelles (AFPCN) qui publie des rapports de REX et qui organise des journées d’échange.

Dans le domaine des risques technologiques, le REX incombe en premier lieu à l’exploitant. Le recensement et la centralisation des données sur les REX en matière d’accidents technologiques sont assurés par le Bureau d'Analyse des Risques et des Pollutions Industrielles, rattaché au ministère en charge de l’écologie.

 

Quelques liens :

DSC (2006) La conduite du retour d’expérience, Eléments de culture professionnelle :
http://www.interieur.gouv.fr/sections/a_l_interieur/defense_et_securite_civiles/gestion-risques/rex/downloadFile/attachedFile/memento.pdf?nocache=1204285569.66

Publications du Ministère charge de l’écologie sur le Rex :
http://catalogue.prim.net/49_retour-d-experience_.html

Site du CGEDD :
http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=1

La banque HYDRO :
www.hydro.eaufrance.fr

2007 La télédétection. Une vision détaillée des inondations, un gisement d'information précieux pour la gestion de l'aléa :
http://catalogue.prim.net/68_la-teledetection-une-vision-detaillee-des-inondations-un-gisement-d-information-precieux-pour-la-gestion-de-l-alea-.html

Base de données ARIA sur les risques technologiques gérée par le Bureau d'Analyse des Risques et Pollutions Industriels (BARPI) :
http://www.aria.developpement-durable.gouv.fr/barpi_stats.gnc

   
 

 
 


 

 

 

 
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