La plage de dépôt : arrêter les matériaux à tout prix !



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Un projet longuement discuté…

La plage de dépôt a été réalisée en 1926 après cession gratuite à l’Etat de 46 ha 21a 76 de terrains communaux en 1923, sans déclaration d’utilité publique préalable. Cette acquisition était en discussion depuis une trentaine d’années, Saint-Nazaire-les-Eymes s’y opposant jusque là, craignant que les aménagements ne favorisent les débordements à l’aval de la route

nationale. Elle défendait par contre un autre projet : la réalisation d’épis transversaux depuis les coteaux situés à l’Est du cône. Mais Saint-Ismier – comme le service forestier – s’y opposait, arguant le fait qu’ils dirigeraient toutes les crues directement contre la digue rive droite qui protégeait la commune, et la fragiliserait, la  submergerait ou la romprait ! Compte tenu de cette situation de bloquage, le Conservateur proposa en 1906 au directeur des Forêts le lancement d’une procédure en application de la loi du 04/04/1882 sur la restauration des terrains en montagne. Celle-ci aboutit 17 ans plus tard et permit de prolonger le périmètre de restauration vers l’aval, dans le chenal d’écoulement et la partie amont de son cône de déjection. Et donc de construire en 1926, la plage de dépôt…

 

Capacité maximale de la plage de dépôt et lave de fréquence centennale :

La capacité maximale de la plage de dépôt a été portée en 1992 à environ 25 000 m3. Or, on estime qu'une lave torrentielle de fréquence centennale dans le Manival aurait un volume d'environ 50 000 m3. C’est d’ailleurs ce volume qui a été retenu pour le zonage du Plan de Prévention des Risques des communes concernées. Est-ce à dire que si un tel événement survenait, 25 000 m3 de matériaux se répandraient en aval de la plage de dépôt ? Non pas vraiment... Petites explications :

La traduction du « fonctionnement naturel » du torrent (qui n’est pas maintenu dans un lit fixé par des aménagements divers et qui déborde sur l’ensemble de son cône de déjection) en termes d’aléa reviendrait logiquement à classer, compte tenu de la dangerosité du phénomène l’ensemble du cône en aléa fort. Cependant, les PPR des trois communes concernées par les crues du Manival ont été établis en prenant en compte :

- l’existence de la protection active (forêt, barrages et seuils)
- l’existence de la protection passive (digues et plage de dépôt).
- la présence d’une zone de divagation située à l’amont de la plage de dépôt qui constitue un véritable espace d’étalement en cas de débordement.

Compte tenu de l’ensemble des paramètres connus sur le site, le scénario de référence retenu dans le cadre du zonage du PPR a exclu la possibilité qu’une lave torrentielle dépasse la plage de dépôts. Ce zonage est bien sûr conditionné par le bon entretien des ouvrages.

 

Une plage de dépôt qui intéresse aussi les scientifiques !

Parce qu’elles arrêtent tout ou partie des matériaux charriés par le torrent, les plages de dépôts constituent un sujet d’étude important lorsque l’on souhaite mieux caractériser le potentiel de production sédimentaire d’un bassin versant torrentiel.

La conservation d’un niveau de protection satisfaisant nécessite en effet généralement de procéder à des curages d’entretien après chaque crue majeure, ce qui permet d’obtenir des données précises sur les quantités de matériaux « produites » par le torrent. Un programme de recherche financé par le Pôle Alpins des Risques Naturels – PARN - a permis sur plus de 40 torrents des Alpes françaises équipés de plages de dépôt (dont le Manival), le recueil de ces données de curages. Des informations historiques sur l’importance des crues passées ont aussi été recherchées. L’ensemble de ces données a permis de caler plusieurs formules globales sommaires, permettant de prédire l’intensité de la fourniture en matériaux par un torrent en moyenne annuelle, mais aussi pour des événements rares et exceptionnels (volume d’une crue centennale par exemple). L’originalité de ces modèles est aussi de prendre en compte la surface en érosion active connectée au réseau hydrographique, qui est une variable fortement corrélée à l’intensité des apports solides. En ce qui concerne le Manival, la carte ci-dessous montre que la quasi-totalité de la surface en érosion active de son bassin versant est connectée au réseau hydrographique. Les matériaux qui se détachent des versants sont donc presque tous susceptibles d’être charriés en période de crue !

   
 

 
 


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