Recouvrant par endroits des versants entiers, les argiles du Trièves-Beaumont sont parfois le siège de glissements de terrain de grande ampleur, profonds, qui s’activent ou se réactivent au gré des années et des apports en eau dans les terrains. Et cela sans forcément donner de signes précurseurs, d’où la difficulté de les prévenir et de s’en protéger.

Prendre en compte ces risques n’est pas chose aisée, d’autant qu’un glissement se voit rarement à l’œil nu. En dehors des phases d’accélération brutale, les dégâts sont rarement spectaculaires : quelques fissures plus ou moins marquées sur les maisons et les routes, quelques poteaux légèrement penchés, quelques moutonnements et « marches » dans les champs… Rien de bien grave à priori pour des habitants qui peuvent observer tous ces phénomènes depuis des dizaines d’années sans conséquences particulières.

Et pourtant le risque est bien là ! Car si l’on est capable aujourd’hui de repérer plus ou moins précisément les zones en mouvement grâce à ces indices de surface et à l’étude des cartes géologiques, on est incapable de prévoir avec précision quand et comment se produiront les accélérations brutales.

Or ce sont ces accélérations brutales des glissements qui font peser une menace importante sur la population, comme l’a montré le glissement de la Salle-en-Beaumont en 1994. Neuf maisons ont été détruites et quatre personnes y ont trouvé la mort. De manière générale, les glissements évoluent suffisamment lentement pour permettre aux hommes de fuir les lieux en cas de nécessité, ne constituant a priori pas une réelle menace pour les vies humaines. A priori seulement, puisque le contraire nous a malheureusement déjà été prouvé.

Les glissements de terrain du Trièves-Beaumont sont des phénomènes complexes. Bien qu’ils aient les mêmes origines et qu’ils se développent dans un même milieu, ils doivent être considérés au cas par cas, leur évolution étant très différente d’un site à l’autre. Ce sont les caractéristiques de chacun qui expliquent la manière et le rythme auxquels ils évoluent. Or, il est techniquement et financièrement impossible, dans une région aussi instable que le Trièves-Beaumont, d’instrumenter chaque site pour en avoir une connaissance fine.

Alors comment prévenir et gérer au quotidien un risque que l’on a parfois du mal à cerner et que l’on ne peut pas anticiper de manière précise ? C’est ce que l’on cherche à comprendre par le biais d’études scientifiques, d’expertises, de suivis, d’expérimentations… Autant de travaux menés dans l’optique de comprendre comment évoluent ces glissements, et ce afin d’être un jour capable de prévoir les phénomènes dangereux et d’alerter à temps les populations menacées.
 






 
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