Les apports de la recherche scientifique


Grâce aux données de suivi des sites à risque, on connaît maintenant un peu mieux la dynamique d’évolution de ces glissements. Mais connaître, certes encore imparfaitement, ne signifie pas comprendre.

  

Comprendre les processus pour mieux gérer le risque

 On ne comprend toujours pas pourquoi certains glissements, comme celui d’Avignonet, sont très actifs à certaines périodes alors qu’ils sont calmes le reste du temps. On n’explique pas non plus la profondeur des surfaces de cisaillement : se développent-elles là et pas ailleurs à cause des infiltrations d’eau ? Ou bien est-ce dû aux différences de propriétés des argiles d’une couche à l’autre ? Ces questions restent pour le moment en suspend.

Mais tant que l’on n’aura pas compris précisément les facteurs de déclenchement des glissements et leurs mécanismes d’évolution dans les argiles, il sera impossible d’établir des prévisions fiables (anticiper un départ ou savoir à l’avance si un glissement évoluera en coulée par exemple) permettant d’alerter les populations d’événement potentiellement dangereux.

 

Les insuffisances du passé et les perspectives

Si certains processus demeurent incompris, c’est parce que la recherche scientifique souffre d’un manque de données. Pour étudier les phénomènes, il faut disposer de données renseignant sur tous les paramètres susceptibles d’avoir une influence sur le déclenchement et l’évolution des glissements, et ce sur de longues périodes, à des fréquences élevées.

Malgré les nombreux travaux de recherche qui ont déjà été menés sur les argiles litées du Trièves et du Beaumont, il manque aux chercheurs ces séries de données précises et complètes. Cela tient en partie au fait que les moyens d’étude ont pendant longtemps été beaucoup plus réduits qu’à l’heure actuelle.

La modernisation de l’instrumentation scientifique et des techniques expérimentales offrent désormais la possibilité de mettre en place des programmes de recherche bien plus complets que tout ce qui a été fait jusque là.

 

Le Mas d’Avignonet, un site pilote en matière de recherche scientifique

Le glissement du Mas d’Avignonet a été retenu comme site d’étude dans le cadre de plusieurs programmes de recherche. Il a pour cela été instrumenté avec divers types d’appareils, et fait l’objet de plusieurs types de relevés et d’observations.

Une partie de ces recherches est menée par le Laboratoire de Géophysique Interne et Tectonophysique (LGIT) de Grenoble dans le cadre de travaux de thèses. Elles ont pour objectifs de comprendre quels sont les paramètres qui influencent l’évolution du glissement d’Avignonet, afin de saisir dans leur globalité ses mécanismes d’évolution.

 

Dispositif d’observation du glissement de la combe du Mas à Avignonet

dans le cadre des travaux menés par le LGIT

Le glissement est aujourd’hui équipé des appareils de mesure suivants :

  1. des GPS permanents qui permettent de mesurer en continu les déplacements à la surface du sol
  2. des sismomètres qui enregistrent, également en continu, les secousses du sol
  3. une station météorologique collectant toutes les trente minutes des informations sur les précipitations, l’humidité, la température de l’air et les vents
  4. des piézomètres, appareils dotés d’une sonde implantée dans le sol à plusieurs mètres de profondeur, permettant de caractériser les fluctuations des nappes d’eau
  5. des sondes mesurant la température et l’humidité du sous-sol à plusieurs profondeurs, paramètre indispensable à la correction de résultats des mesures géophysiques

Ce glissement fait également régulièrement l’objet de mesures par prospection géophysique : les tomographies électrique et sismique, de même que les mesures de potentiels spontanés, sont des méthodes d’auscultation du sous-sol ayant ici pour objet de localiser et de caractériser les infiltrations et les circulations d’eau souterraines.

 

Parallèlement, afin de combler le manque de données empêchant d’étudier l’évolution du glissement sur le long terme, l’Observatoire Multidisciplinaire des Instabilités de Versants (OMIV) a été créé en 2007. Il s’attache à créer une base de données renseignant sur quatre grands mouvements de terrain français : Avignonet, Séchilienne (Isère), Super Sauze (Alpes-de-Haute-Provence) et La Clapière (Alpes-Maritimes).

L’objectif est d’obtenir dans plusieurs années des données exhaustives qui seront mises à disposition de toute structure désirant mener des recherches scientifiques sur les mouvements de terrain.

Dans la même optique, le LGIT a mis en place la base de données Trièves. Celle-ci regroupe  l’ensemble des renseignements, souvent dispersés entre plusieurs services et bureaux d’étude, sur plusieurs glissements de la région (nature du sol, sondages avec composition des couches, hydrologie, inclinométrie, mouvement des pentes etc.). Il est question, à l’avenir, d’étendre cette base de données au secteur du Beaumont.

Il ne s’agit ici que de quelques exemples parmi l’ensemble des travaux de recherche ayant retenu le glissement du Mas d’Avignonet comme site d’étude. Au total, une concentration de moyens permet de l’étudier de façon approfondie dans le cadre de projets locaux, nationaux et même européens.

  

Approfondir la connaissance des phénomènes, un travail de longue haleine

 Les premiers résultats des travaux de recherche menés au Mas d’Avignonet ont montré que l’évolution des glissements profonds du Trièves et du Beaumont, comme ceux de l’Harmalière ou du Mas d’Avignonet, sont fortement dépendants des caractéristiques du substratum situé sous les couches argileuses. Ils semblent donc davantage influencés par le relief de la roche mère que par les formes du terrain en surface.

Concernant les autres paramètres, notamment l’influence de l’eau sur les sols argileux, il faudra encore attendre plusieurs années avant que l’analyse des données ne donne de résultats pertinents et réellement exhaustifs.

   
 

 
 


 

 

 

 Instrumentation scientifique à Avignonet : station météo et GPS différentiel
Instrumentation scientifique à Avignonet : station météo et GPS différentiel



 
 Instrumentation scientifique à Avignonet : position de divers types de sondes et capteurs
Instrumentation scientifique à Avignonet : position de divers types de sondes et capteurs



 

VIDEOS


Les observatoires de mouvement de terrain - Mettre en commun les données pour mieux étudier les phénomènes (Interview de Denis Jongmans, chercheur au laboratoire de Géophysique Interne et de Tectonophysique (LGIT) de Grenoble)




L'instrumentation du glissement d'Avignonet - Etudier les mécanismes locaux pour comprendre des processus généraux (Interview de Denis Jongmans, chercheur au laboratoire de Géophysique Interne et de Tectonophysique (LGIT) de Grenoble)




Pourquoi des sismomètres sur le glissement d'Avignonet ? Etudes des relations séismes / glissements (Interview de Denis Jongmans, chercheur au laboratoire de Géophysique Interne et de Tectonophysique (LGIT) de Grenoble)




L'étude du rôle des infiltrations d'eau sur l'évolution des glissements (Interview de Grégory Bièvre, Géologue/Géophysicien au CETE de Lyon, doctorant au LGIT de Grenoble)



 
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