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Risque industriel sur le sud grenoblois : bilan de l'exercice PPI du 18/10/2005

Publié le 25 novembre 2005

Par François Giannoccaro

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Risque industriel sur le sud grenoblois : bilan de l'exercice PPI du 18/10/2005

Consensus sur le caractère remarquable de l'exercice départemental de sécurité civile qui s'est déroulé le 18/10/2005 aux abords de la plate forme-chimique de Pont de claix. Bilan et principales recommandations de notre Institut

Le 22 novembre dernier, c'est à l'occasion d'une réunion de débriefing en Préfecture de l'Isère que l'ensemble des acteurs concernés (decideurs et responsables locaux du sud grenoblois) est revenu sur l'accident de rejet toxique simulé sur la plate forme chimique de Pont de Claix, le 18 octobre dernier (voir ci-dessous le lien vers notre new's du 19/09/2005 présentant cet exercice).

- L'originalité de l'exercice du 18 octobre 2005 :

Cet exercice était destiné à tester le nouveau plan particulier d’intervention (PPI) sous la responsabilité du Préfet de l'Isère approuvé en avril 2004 et notamment l’entraînement des équipes de secours et de commandement. Une campagne de communication sur un tel exercice sans précédent dans l'Isère

La participation de la population environnante estimée à une dizaine de milliers de personnes avait été sollicitée par une campagne de communication locale associant :

- l’exploitant (édition d’une plaquette spéciale),

- les médias : émission spéciale de France bleu Isère et le Dauphiné libéré (plusieurs articles pleines pages avant - pendant - après),

- le relais efficace des maires (articles dans bulletins municipaux)

- la chaine locale de télévision du Pont de Claix

- l'Education nationale sur près d'une trentaine d'établissements scolaires dans la zone concernée.

- Des observateurs de notre Institut impliqués dans l'exercice : Notre Institut a participé à cet exercice en tant qu'observateur pour apprécier le caractère opérationnel du dispositif départemental de secours entièrement armé pour l'occasion. - voir plus bas dans l'article nos remarques et recommandations.

Plusieurs observateurs de l'IRMa avaient été positionnés sur l'ensemble du dispositif :

- aux postes de commandement communaux de Varces Allières et Ricet et de Pont de Claix,

- au poste de commandement de la plate forme industrielle et sur le lieu de du sinistre dans l'usine,

- au poste de commandement opérationnel du Plan Particulier d'Intervention à la Rampe à Echirolles

- au collège des Iles de Mars à Pont de Claix,

- dans les rues de Pont de Claix

 

Le déroulement de l'exercice, entre fiction et réalité :

Le scénario retenu pour déclencher le plan de secours était une fuite d’ammoniac à Chloralp, unité fabricant du chlore. Suite à cet accident un risque toxique menaçait une zone de 500 m autour des établissements. Compte tenu du risque encouru par la population environnante, le préfet décidait le déclenchement du plan de secours vers 14h.

Aussitôt, l’alerte était donnée à la population par la sirène fixe de l’établissement, et des consignes de mise à l’abri étaient diffusées dans les rues par des ensembles mobiles d’alerte sous la responsabilité de l'industriel et relayées par les maires grâce aux automates d’appels téléphoniques en masse (test expérimental sur Pont de Claix auprès de plus de 2 500 foyers qui ont été informés par le système automatique dans un délais très court de 3 minutes). Ces consignes ont enfin été diffusées en direct par France bleu Isère et mises en ligne sur le site internet de la préfecture en direct.

Pendant ce temps, les forces de l’ordre procédaient au bouclage en temps réel d’une partie 2 communes (centre de Pont de Claix et bas de Champagnier). Ce bouclage impliquait aussi l’interruption des lignes de transport en commun bus et SNCF. 3 autres communes ont tenu à participer en activant leur plan communal de sauvegarde et en faisant participer leur écoles aux consignes de mise à l’abri : Claix, Varces et Jarrie.

Le risque étant levé vers 15h30, le préfet décidait de la levée de l’alerte, du bouclage et la fin des consignes de mise à l’abri.

 

Une participation plus importante des populations par rapport à l'exercice de même nature du 15 juin 2000 :

Si l’on compare au précédent exercice de juin 2000, la participation de la population a été beaucoup plus importante selon les différentes sources présentes à la réunion de débriefing. Les consignes de mise à l’abri ont été globalement bien suivies par la population. Pour les établissements scolaires, au total c’est 33 écoles, 4 collèges et 1 lycée, soit environ 5000 élèves qui ont joué le jeu. Ce qui reste remarquable.

 

Evaluation de l'exercice sur l'efficacité de l'alerte :

- S'agissant de l'application des consignes de sécurité par les populations, elle a pu être observée à deux niveaux : En premier lieu pour les populations désignées "joueurs", la réaction de mise à l'abri a été satisfaisante (peu de personnes apperçues dans les rues après le lancement de l'alerte). On peut sans doute rapprocher cette bonne application des consignes de sécurité :

1 - à la campagne de communication (voir plus haut dans l'article) préalable l'exercice.

2 - au système fixe d'alerte sur l'usine quand il a été entendu

3 - aux ensembles mobiles d'alerte déployés dans la zone critique

4 - à l'automate d’appel téléphonique en masse testé de façon expérimental par la mairie de Pont de Claix auprès de plus de 2 500 foyers qui ont été informés par leur téléphone dans un délais de 3 minutes après le déclenchement de l'alerte PPI)

5 - au relais de l'information sur la radio France Bleue Isère

6 - à la convention expérimentale établie entre les six communes concernées par l'exercice et l'industriel Pontois qui précise que l'industriel doit informer les maires dès qu'un incident se produit sur la plate-forme quel que soit sa nature ou son ampleur (voir notre new's ci-dessous à ce sujet).

Au moment ou le décret n°2005-1269 du 12 octobre 2005 relatif au code d'alerte national vient revisiter la notion d'alerte comme devant relevé d'un ensemble de "mesures" (techniques, organisationnelles et fonctionnelles) " destinées à informer la population" (art.2)(voir notre new's ci-dessous), on voit concrétement sur un exercice grandeur nature toute l'importance de la complémentarité des dispositifs utilisés pour maximiser l'efficacité de l'alerte. Cet enseignement mériterait d'être formalisé sur l'ensemble de la chaine "de la vigilance - à l'alerte" pour être ensuite appliqué à d'autres risques (naturels ou technologiques), d'autres acteurs (relais locaux d'alerte) et d'autres territoires en Isère.

En deuxième lieu pour les autres populations (celles qui étaient en dehors de la zone de test) : d'une part, il semblerait qu'il y avait une méconnaissance des réactions à avoir et des consignes de sécurité. D'autre part, plusieurs acteurs au débriefing ont fait remarquer que l'alerte n'avait pas été entendue dans certains bâtiments recevant du public éloignés de la zone test.

Sur la méconnaissance des consignes de sécurité : elle confirme dans la pratique l'étude d'impact réalisée en 2005 après la campagne réglementaire d'information préventive sur le risque industriel majeurs, ayant concerné notamment dans le sud grenoblois, qui faisait apparaître que seulement 38% des habitants interrogés sur cette zone, estimaient être bien informées sur le thème du risque industriel, seules 51% disant connaître la sirène d’alerte ! (pour accéder à l'enquête voir lien ci-dessous).

A l'évidence, ces campagnes d'information réalisées réglementairement tous les 5 ans montrent toutes leur limite. Ces dernières organisent l'information comme une activité institutionnelle à sens unique en direction des communes qui ont, in fine, l’obligation de la répercuter auprès du public. Une fois donnée, cette information est supposée organiser et déterminer les comportements individuels. Le système actuel fait donc très rarement appel à des actions plus interactives mieux intégrées dans les politiques locales (pouvant impliquer les EPCI, les Départements, les Régions), incluant le débat public et la concertation, les initiatives locales qui favorisent la responsabilisation du citoyen, l'intégration et l'appropriation par les destinataires de toute information sur les risques.

Il y a lieu ici de tirer certains enseignements pour la prochaine campagne d'information dont la préparation débutera en 2006. Concernant le signal d'alerte et son efficacité dans des secteurs plus éloignés de la plate-forme : Il apparait évident que le décret "alerte" prend aussi ici tout son sens. Au de-là du système fixe d'alerte sur l'usine, les bonnes pratiques identifiées dans la zone test (voir plus haut dans cette new's) doivent être élargies, quand ce n'est pas le cas, sur l'ensemble du "bassin de risque - sud grenoblois".

Une telle réflexion nécessiterait sans doute l'implication d'autres acteurs pour garantir son succés (implication des intercommunalités notamment dans les systèmes "automate d'appel téléphonique" pouvant être mutualisés, pour des relais locaux d'alerte etc...).

Les recommandations de notre Institut : Au de-là de celles qui sont évoquées au fil de cet article, il apparait souhaitable :
- de ne pas attendre des exercices d'envergure "grandeur nature" réglementairement tous les 3 ans pour apprécier le caractère opérationnel des plans de secours et donc de tester tout ou parti de ces plans plus régulièrement (exemple : faire des exercices d'Etat Major)
- de lancer une réflexion sur l'efficacité de l'alerte à l'échelle du bassin de risque - sud grenoblois en impliquant l'ensemble des niveaux de la chaine décisionnelle et en particulier les communes qui doivent assurer la répercussion de l'alerte
- d'impliquer des observateurs durant les exercices parmi les acteurs locaux (par exemple des parents d'élèves en observateurs dans les établissements scolaires) pour mobiliser de nouveaux relais d'opinion et susciter la participation habitante
- de proposer, à l'issue de ce genre d'exercice, des réunions publiques "retour d'expérience" au moins dans les zones test, pour que les populations qui se sont investies aient un retour plus interactif des manoeuvres et participent sur le long terme aux actions locales de sécurité civile.

En savoir plus :

> la présentation de l'exercice départemental de sécurité civile du 18 octobre 2005
http://www.irma-grenoble.com/01actualite/01articles_afficher.php?id_actualite=94

> le décret n°2005-1269 du 12 octobre 2005 relatif au code d'alerte national [...] pris en application de la l'article 8 de la loi de modernisation de la sécurité civile (loi n°2004-811 du 13 août 2004)
http://www.irma-grenoble.com/01actualite/01articles_afficher.php?id_actualite=99

> Information en cas d'incident perceptible de l'extérieur ou d'accident industriel
http://www.irma-grenoble.com/01actualite/01articles_afficher.php?id_actualite=81

> pour connaître les résultats de l'enquête d'impact de la campagne 2003 "accident industriel majeur"
http://www.irma-grenoble.com/PDF/actualite/articles/resume_enquete_campagne_2003.PDF



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