Mémoire & retour d’expérience | Séisme
« Nous avons ressenti une forte secousse. Cela a duré dans les 3 à 4 secondes. J’ai longtemps habité au Rwanda, et j’ai l’habitude des secousses sismiques. Celle-ci était vraiment violente » (’ancien maire de Saint-Paul sur Ubaye)
« Des cheminées ont décroché, surtout dans le centre du village où la circulation a été coupée. Des habitants ne souhaitant pas rentrer chez eux, la salle polyvalente conçue selon les normes antisismiques pourrait les accueillir. » (Stéphane Collomb, adjoint au maire de Jausiers dans les Alpes-de-Haute-Provence)
« Les portes, les meubles et les lustres ont bougé... (témoignage d'une habitante du centre-ville d'Annecy) "C'était tellement sensible que nous nous sommes retrouvés en bas de l'immeuble avec les voisins. A priori, tous ceux qui habitaient au cinquième étage ou plus haut ont bien senti la secousse. »
Les réseaux sociaux ont été tout de suite pris d'assaut, chacun apportant son témoignage sur son ressenti et se rendant compte de l'ampleur de l'événement : la secousse de magnitude 4,8* (d'une dizaine de secondes) dont l'épicentre était située entre La Condamine (Alpes-de-Haute-Provence) et Crévoux (Hautes-Alpes) a été ressentie lundi soir dans une bonne part du quart sud-est (de la Savoie au Var en passant par le Rhône, l'Isère et surtout les Alpes-Maritimes), sans faire ni dégât important ni blessé mais suscitant sur le coup de vives inquiétudes.
* [magnitude 4,8 selon le réseau Sismalp et 5.2 d'après le Réseau national de surveillance sismique (RéNaSS)]
Communiqué du réseau de détection sismique de l'observatoire de Grenoble (réseau Sismalp) lundi 7 avril à 22h40 :
"Le réseau de détection sismique de l'observatoire de Grenoble (réseau Sismalp) a enregistré, le lundi 7 avril 2014 à 21 h 27 (heure locale) un séisme de magnitude 4,8 dont l'épicentre était situé entre La Condamine (Alpes-de-Haute-Provence) et Crévoux (Hautes-Alpes). Les coordonnées épicentrales sont 44°29'N et 6°39'E. Le foyer était situé vers 7 km de profondeur d'après les premières estimations. Ce séisme a aussi été ressenti à grande distance jusque dans l'Isère, en Haute-Savoie et en Italie.
La haute vallée de l'Ubaye est l'une des zones les plus sismiques des Alpes françaises. En 1959, un séisme de magnitude 5,5 qui s'était produit à proximité de Saint-Paul avait généré d'importants dégâts immobiliers et fait deux blessés.
Entre 2003 et 2004, plus de 16 000 séismes se sont produits à La Condamine-Châtelard, un peu plus bas dans la vallée. Cette crise sismique en essaim n'était constituée que de séismes de faible magnitude (au maximum 2,7), mais qui avaient été fortement ressentis localement du fait de la faible profondeur des foyers (vers 6 km) à l'aplomb du village. C'est à proximité de cet essaim que s'est produit le 26 février 2012 un séisme de magnitude 4,3. Ce séisme, suivi de répliques, a lui-même déclenché un autre essaim, distinct de celui de 2003-2004. Depuis cette date, l'activité n'a jamais vraiment cessé, avec environ 2 000 séismes qui ont été localisés depuis un peu plus de deux ans dans cette zone du massif du Parpaillon. Une quarantaine de ces séismes avaient des magnitudes comprises entre 2 et 3,6.
D'après une localisation qui reste encore préliminaire, le séisme de cette nuit était situé à 1,5 km au sud-ouest du séisme de février 2012.
En moyenne, c'est tous les 15 ans qu'un séisme atteint la magnitude 4,8 dans le grand quart sud-est de la France. En raison de sa magnitude, le séisme de cette nuit risque de générer des répliques et de réactiver les essaims de cette zone limitrophe des départements des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. De nombreuses répliques sont effectivement en train de se produire à l'heure où ce communiqué est rédigé."
Les pompiers ont été assaillis d'appels
Trente minutes après la secousse, le Centre opérationnel départemental d’incendie et de secours (Codis) des Hautes-Alpes avait déjà enregistré 200 appels.
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, 50 sapeurs-pompiers étaient engagés pour des opérations de reconnaissance :« On intervient pour des dégâts matériels, des cheminées, des tuiles tombées, mais pas de victimes pour le moment ». Les opérations se concentraient dans la vallée de l’Ubaye même si la secousse a été ressentie dans tout le département, et aussi « dans les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône ».
«Nous avons eu une cinquantaine d’appels, nous sommes en train de faire des reconnaissances. Il n’y a pas de blessé, mais des fissures dans des murs, des cheminées cassées ou de chutes de tuiles», a indiqué le colonel Thierry Carret, du Service d’incendie et secours (Sdis) des Alpes-de-Haute-Provence. «A ce stade, on note uniquement quelques dégâts matériels dans le secteur de Barcelonnette, Jausiers, La Condamine, Meyronnes, Faucon-de-Barcelonnette», a précisé la préfecture de ce département.
A Jausiers dans les Alpes-de-Haute-Provence, la commune s'est tenue prête à accueillir les habitants dans la salle polyvalente conçue selon les normes antisismiques.
La secousse a duré une dizaine de secondes, a constaté une journaliste de l’AFP à Nice où le séisme a été très nettement ressenti, de même que par d’autres journalistes ou correspondants de l’AFP à Antibes (Alpes-Maritimes), Marseille ou Gap. «Mon fauteuil a bougé, de façon horizontale, c’était très fort, comme si un train passait», a témoigné Nicole Milton, 61 ans, une habitante de Cagnes-sur-Mer, à l’ouest de Nice, jointe par l’AFP.
Selon le Réseau national de surveillance sismique (RéNaSS), ce séisme "n'est pas une surprise. C'est une zone connue des laboratoires de sismologies régionaux », « aujourd'hui, les plaques bougent continuellement ».
De même, notre Institut rappelle régulièrement que Rhône-Alpes est l’une des régions les plus sismiques de France métropolitaine. Le dernier zonage sismique réglementaire de la France en date du 1er mai 2011, illustre cette évolution : toutes les communes rhônalpines sont désormais concernées par le risque sismique alors que 54 % étaient précédemment classées en zone de sismicité négligeable.
[Article rédigé d'après : Le Dauphiné Libéré, Le Monde, Libération, Sismalp, RénaSS]
Pour approfondir le sujet vous pouvez regarder les deux interviews ci-dessous de François Thouvenot, physicien des observatoires à l'Institut des Sciences de la Terre / ISTerre et responsable du réseau SISMALP
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