L’enjeu de cette conférence était de trouver un nouveau cadre d’actions pour l’après 2015, sur la base du précédent (Hyogo 2005-2015 : « Pour des nations et des collectivités résilientes face aux catastrophes » qui avait été adopté au lendemain du tsunami particulièrement destructeur de l’océan Indien).
Si l’on en croit les médias, ce « premier accord majeur du programme de développement pour l'après-2015 » provoque des réactions mitigées : la satisfaction des uns et la déception des autres.
« L'adoption de ce nouveau cadre pour la réduction des risques de catastrophe ouvre un nouveau chapitre important dans le développement durable car il énonce clairement des objectifs et des priorités d'action qui conduiront à une réduction substantielle des risques de catastrophes et des pertes en vies humaines et en moyens de subsistance », a déclaré la chef du Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes, Margareta Wahlström.
La « mise en œuvre réussie de ce nouveau cadre se traduira par une réduction des niveaux actuels de risques de catastrophes et permettra d'éviter l'apparition de nouveaux risques » a déclaré la Présidente de la Conférence, Eriko Yamatani.
Le cadre décrit 7 objectifs mondiaux à atteindre au cours des 15 prochaines années :
4 actions prioritaires doivent permettre d’atteindre ces objectifs :
L’ONG « ACF International » reconnaît que ce cadre a le mérite de mettre les populations les plus à risque au cœur de l’analyse et des prises de décision, ainsi que l’inclusion des personnes vulnérables telles que les femmes et les personnes handicapées pour relever les défis liés à la réduction des risques.
Les ONG présentes à Sendai déplorent un cadre nettement moins ambitieux que ce que la société civile pouvait espérer. ACF International souligne des points de déception :
- « aucun commentaire n’a été fait sur l’engagement des Etats à diminuer leurs émissions de gaz à effets de serre »,
- « aucun financement additionnel n’est prévu pour la réduction des risques de catastrophes et seul un soutien « adéquat et durable » des pays développés envers les pays en voie de développement est inscrit ».
- « l’accord souligne l’importance des phases de préparation et de reconstruction, mais sans faire le lien avec les interventions d’urgence, ce qui est alarmant dans un environnement qui sera soumis à des évènements climatiques de plus en plus fréquents et violents ».
Hubert Delzangles, Professeur de droit public et membre associé du CRIDEAU (Centre de Recherches Interdisciplinaire en Droit de l’Environnement, de l’Aménagement et de l’Urbanisme de l’université de Limoges) pointe des lacunes :
- la question du nucléaire a été très peu évoquée alors que « les conséquences d'un accident nucléaire sont incomparables avec d'autres catastrophes, notamment du fait de la quasi-impossibilité de résilience » ;
- la question des déplacés environnementaux n'a pas été traitée à sa juste mesure, aucun statut juridique n’a été évoqué alors que ces personnes ne bénéficient d'aucun statut ni d'aucune protection juridique universels.
Toutefois, le document final de Sendai souligne les progrès accomplis au cours de la précédente décennie par de nombreux pays qui ont renforcé leurs capacités en termes de gestion des risques et de partenariats aux niveaux mondial et régional.
De plus, il est précisé qu’il est urgent et crucial de prévoir, de planifier et d’agir sur la base de scénarios de risques couvrant au moins les 50 prochaines années pour protéger plus efficacement les êtres humains et leurs biens, en même temps que les écosystèmes.
Autre progrès « significatif » de cette conférence, le cadre comprend un certain nombre de références importantes à la culture et au patrimoine sur lesquelles pourra s’appuyer l’UNESCO pour intégrer la culture et le patrimoine au sein du programme de prévention des catastrophes naturelles et de travailler dans ce domaine avec les partenaires concernés aux niveaux régional et national.
Le prochain grand rendez-vous de la communauté internationale sera la 21ème Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, plus connue sous le nom de « COP21 », du 30 novembre au 15 décembre à Paris. A suivre donc...
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