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Paris à 50°c : préparer le territoire parisien à un dôme de chaleur extrême

Publié le 26 mai 2025

Par Julie Roussel

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Paris à 50°c : préparer le territoire parisien à un dôme de chaleur extrême

L’exercice de crise Paris à 50 °C, organisé par la Ville de Paris le 13 octobre 2023 dans le cadre de la refonte de sa stratégie de résilience [1], a consisté à simuler un dôme de chaleur d’une longueur et d’une intensité extrême sur le territoire parisien. Impulsé par Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris en charge de l’innovation, de l’attractivité, de la prospective Paris 2030 et de la résilience, cet exercice constitue une première en France en ce qu’il est le seul à avoir pleinement associé la population, dans sa pluralité (enfants scolarisés, personnel de crèche, personnel d’un EHPAD, associations locales, habitants…), et ce tout au long du processus (préparation, jour J, phase de retour d'expérience). Par ailleurs, c’était aussi la première fois qu’un scénario mettant en jeu des températures aussi intenses était testé.

Ce projet revêtait une forte ambition partenariale, avec la mobilisation de plus de 80 acteurs du territoire parisien et une collaboration très étroite avec la Préfecture de police de Paris - en particulier le secrétariat général de défense et de sécurité de Paris, responsable de la gestion de crise à Paris et la brigade de sapeurs-pompiers de Paris.

Cet exercice innovant s’est décliné en un exercice sur table de gestion de crise et un exercice in situ impliquant de manière inédite des acteurs du territoire, et notamment des Parisiennes et Parisiens. Les mairies du 13e et du 19e arrondissement ont été associées à l'exercice in situ et ont mobilisé divers acteurs locaux (associations, gestionnaires d’équipements, établissements scolaires, habitants d’immeubles…) en amont de l'exercice.

mobilisation des acteurs territoriaux
Schéma illustrant la mobilisation des acteurs territoriaux © Ville de Paris

 

Pourquoi un exercice Paris à 50 °c ?

Le changement climatique augmente le risque d’épisodes caniculaires extrêmes à moyen et long terme. Sur demande de la Ville de Paris, le Groupe régional d’expertise sur le changement climatique et la transition écologique en Ile-de-France (GREC francilien) a réalisé des simulations climatiques qui démontrent qu’un dôme de chaleur avec des pics à 50 °C, à l’instar de ce qui s’est produit au Canada a l’été 2021, est possible à Paris au XXIe siècle.

« Le GREC francilien a réalisé des simulations climatiques qui démontrent qu’un dôme de chaleur avec des pics à 50 °C, à l’instar de ce qui s’est produit au Canada a l’été 2021, est possible à Paris au XXIe siècle »

Depuis la canicule de 2003, qui a accéléré la prise de conscience des enjeux liés au changement climatique et aux fortes chaleurs, la Ville de Paris a développé des politiques en matière de prévention et de gestion des vagues de chaleur. Elle les enrichit d’année en année, en tenant compte des épisodes traversés et de l’expérience d’autres grandes métropoles confrontées à des pics de chaleurs extrêmes. Ainsi, la Ville de Paris porte une politique d’adaptation au changement climatique ambitieuse et volontariste, afin de diminuer l’impact des fortes chaleurs sur son territoire. En complément, la Ville dispose d’un plan Canicule. Ce plan s’appuie sur une disposition spécifique départementale « gestion sanitaire des vagues de chaleur » qui a pour objectif de coordonner tous les acteurs du territoire (Préfecture de police, préfecture de région Ile-de-France, Agence régionale de santé…), de diffuser les recommandations sanitaires aux populations et de mettre en place des actions et des mesures de prévention pour prévenir et limiter les effets sanitaires d’une vague de chaleur, en portant une attention particulière aux populations vulnérables.

Quels objectifs ?

Les objectifs de l’exercice étaient, en termes de résilience climatique et de gestion des canicules extrêmes :

  • L’analyse des conséquences et impacts d’un tel évènement pour la vie quotidienne des Parisiennes et Parisiens ;
  • Le renforcement des dispositifs de la Ville pour y faire face, ainsi que la coordination avec les partenaires ;
  • La valorisation des politiques municipales actuelles et des solutions innovantes déjà développées (ombrières, fontaines brumisantes, salles rafraichies…) en vue d’une appropriation par la population ;
  • La sensibilisation des Parisiennes et Parisiens aux enjeux liés aux vagues de chaleur, et à la nécessité de l’action collective et des solidarités de proximité pour faire face aux crises.

Au-delà de la situation de crise testée, il poursuivait plusieurs objectifs en matière de gestion de crise et de résilience :

  • Le développement au sein de la Ville, des acteurs du territoire (opérateurs de réseaux, associations, tissu économique…) et de la population parisienne, d’une véritable culture du risque, levier de prévention indispensable pour adapter les comportements et mieux traverser les crises collectivement ;
  • La sensibilisation des différents acteurs et partenaires présents sur le territoire parisien aux enjeux liés à l’anticipation des risques et à la gestion de crise ;
  • Le développement d’une habitude de collaboration et plus généralement d’une interconnaissance entre acteurs en cas de crise.
« La Ville de Paris a souhaité mieux comprendre les impacts d’un dôme de chaleur sur le territoire francilien et pour cela, nourrir une discussion collective à travers des groupes de travail thématiques. Ces groupes de travail (GT) ont réuni l’ensemble des acteurs concernés par les canicules et la gestion de crise »

De la phase de préparation à la conduite de l'exercice, une mobilisation multi partenariale constante

Sur la base du scénario climatique proposé par le GREC francilien, la Ville de Paris a souhaité mieux comprendre les impacts d’un dôme de chaleur sur le territoire francilien et pour cela, nourrir une discussion collective à travers des groupes de travail thématiques. Ces groupes de travail (GT) ont réuni l’ensemble des acteurs concernés par les canicules et la gestion de crise. L’ensemble des participants civils à l’exercice (classes d’école, habitant·es) a été invité en amont à un atelier de sensibilisation et de préparation. Ces ateliers visaient à sensibiliser les participant·es aux impacts d’une chaleur extrême et prolongée sur les activités de la vie quotidienne et à faire émerger des solutions d’adaptation déjà mises en œuvre ou qui pourraient l’être. Leur déroulé, adapté selon les publics ‒ en particulier pour les scolaires ‒ était conçu de manière ludique et pédagogique, afin de favoriser les échanges. Les travaux menés par les différents GT ont permis de définir un scénario global sur l'ensemble du territoire parisien. Des évènements particuliers ont été distinctement adaptés aux deux volets de l'exercice, in situ et sur table. La définition du scénario de l’exercice in situ permettait d’aborder plusieurs sujets évoqués lors des GT et des ateliers : isolation des bâtiments, pannes électriques, pertes d’antennes 4G, pannes de moteurs d’ascenseurs, livraisons de produits de première nécessité, etc.

La phase de retour d'expérience et les grands enseignements de la démarche

Dans le cadre d’un exercice innovant tel que Paris à 50 °C, le retour d’expérience (RETEX) est une phase capitale pour construire une vision partagée des enseignements de l’exercice et de l’ensemble de son processus d’élaboration. Une méthodologie croisant différents outils complémentaires a permis d'établir un retour d’expérience prenant en compte les retours de tous les participants.

exercice de crise in situ
Élèves participants à l’exercice de crise in situ dans le 13eme arrondissement © Ville de Paris

L’exercice et son RETEX ont permis de mettre en avant plusieurs enseignements majeurs pour la Ville de Paris et ses partenaires :

  • La concertation et la coopération entre les acteurs sont des facteurs de résilience à renforcer.
    La diffusion de la culture du risque est essentielle pour permettre à chacun, en particulier les Parisiennes et Parisiens, de se préparer au mieux aux crises et de réduire leurs conséquences.
  • L’enjeu de mieux anticiper les impacts d’une canicule extrême sur les personnels en prévoyant un cadre organisationnel et des équipements de protection individuels adaptés.
  • Le développement des réseaux de solidarités et de proximité pour favoriser l’entraide, qui est un facteur majeur de résilience urbaine.

Conclusion

Organisé dans le cadre de la refonte de la stratégie de résilience de Paris et articulé au Plan Climat 2024-2030, l’exercice Paris à 50 °C a constitué un temps fort pour la Ville de Paris en 2023. Exercice de crise inédit et innovant de par son ambition et sa dimension participative, il a été une source de nombreux apprentissages et a confirmé l’intérêt de tester des situations de crise de manière concrète, en impliquant les acteurs du territoire et en particulier les habitants. Aussi, d’autres exercices de ce type seront organisés par la Ville de Paris dans les prochaines années.

La démarche ayant intéressé de nombreuses villes en France et à l’étranger, ainsi que des acteurs institutionnels variés, la Ville de Paris a choisi de mutualiser les ressources, outils et enseignements développés via des partages lors de séminaires ou d’évènements, la publication de la synthèse qui détaille les grands enseignements des exercices sur table et in situ, mais aussi la diffusion d’un guide méthodologique pouvant aider les territoires intéressés pour se lancer dans un exercice de crise similaire.

 

[1] La refonte de la stratégie de résilience de la Ville de Paris, engagée en octobre 2022, adoptée par le conseil de Paris en novembre 2024 est consultable en ligne sur paris.fr

 

// Article paru dans la revue "Risques Infos" n°48, mai 2025, à consulter ici ou là :

 



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