"Le 6 février 2023, deux séismes dévastateurs ont frappé la Turquie et la Syrie. Avec plus de 50 000 victimes et des milliers de bâtiments détruits, ces tremblements de terre comptent parmi les plus meurtriers du XXIe siècle. Les avancées instrumentales des dernières décennies ont permis une compréhension plus fine de la sismicité de la région. Les dernières cartes d’aléa sismique annonçaient déjà la possibilité d’un fort séisme dans la région de Gaziantep. Selon des estimations, les ruptures en cascade le long de la NAF au XXe siècle, et les séismes historiques plus anciens connus au niveau de la mer de Marmara, laissent présager un prochain séisme autour d’une magnitude 7 dans la région d’Istanbul. En plus du fort aléa sismique de la région, le risque sismique, c’est-à-dire, les conséquences économiques et humaines induites par un tremblement de terre, est lui aussi très élevé. C’est ce que montrent les cartes d’aléa et de risques sismiques probabilistes issues du dernier modèle ESHM20. Bien que les cartes d’aléa sismique anticipaient des mouvements du sol extrêmement forts en cas de séisme de grande magnitude, la succession de deux séismes de très forte magnitude a surpris. Un autre élément, moins important pour les conséquences du séisme, mais intéressant scientifiquement, est que la rupture ne s’est pas initiée sur la faille principale (EAF) mais sur une faille secondaire. La rupture de celle-ci s’est ensuite transmise et propagée à la faille principale (EAF). Cependant, des questions se posent toujours : Comment expliquer qu’un second choc de magnitude 7,5 se soit produit seulement 9 heures après ? Les scientifiques supposent que la faille Est-Anatolienne (EAF) dans ce secteur avait accumulé beaucoup de contraintes et était proche de rompre. La rupture de la faille secondaire aurait apporté l’incrément de contrainte nécessaire pour faire basculer l’EAF vers une rupture de grande ampleur. Il aurait donc suffi d’une petite rupture sur la faille secondaire pour déstabiliser tout le système. Ce principe de contraintes accumulée et de déclenchement par une rupture voisine expliquerait également le deuxième choc de magnitude 7,5. Les récents séismes de Turquie-Syrie mettent en évidence la nécessité de mener des recherches sur les modalités de développement des ruptures de faille et le déclenchement de ruptures en cascade. Une meilleure compréhension de ces questions permettrait d’affiner les modèles de prévision sismiques. Cette région du monde, soumise à un fort risque sismique, doit rester sous haute surveillance."
"Depuis son appartenance à la Turquie, Antakya avait conservé une identité différente du reste du pays, du fait de la diversité de populations et de religions qui y cohabitaient : musulmans sunnites et alévis, chrétiens orthodoxes et encore quelques arméniens, héritiers des survivants du génocide de 1915. Aujourd’hui, alors que la ville est totalement détruite par le séisme de février, c’est précisément la diversité de cette région qui est menacée par les plans de reconstruction à la va-vite ordonnés par le président Erdogan. Des centaines d’immeubles en lambeaux sont détruits, des tonnes de gravats évacués de la ville pour laisser place à de vastes étendues sur lesquelles de nouveaux quartiers vont pousser, dans le respect des normes antisismiques, selon le gouvernement turc. Ce bouleversement humain et urbain aura pour conséquence un changement dans la composition de la population. Comme beaucoup d’habitants, les chrétiens sont partis se réfugier dans d’autres villes de Turquie et il n’est pas certain qu’ils reviennent. Face à ce danger, face au risque d’homogénéisation religieuse d’Antakya, les chrétiens orthodoxes ont tenu à célébrer, au milieu des ruines, une messe de Pâques. Autour du Patriarche d’Antioche, venu de Syrie où il réside, tous promettent que la ville renaîtra et que les Chrétiens d’Orient resteront."
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